Note de lecture
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Les paysages de l’eau, une histoire de relations
Cet ouvrage paru récemment invite à comprendre les paysages de l’eau dans l’interdisciplinarité (archéologues, géographes, écologues,…) et sur le temps long, et porte un regard sur le moment décisif de réinvention ou de redéfinition du rapport des sociétés avec ces « territoires de l’eau », en documentant des cas pratiques transposables et inspirants.
Ces derniers regroupent des espaces où l’eau stagnante, courante, douce ou saumâtre, apparaît comme l’élément structurant du paysage. Outre les rivières et zones humides, on y trouve les espaces drainés, inondés, inondables, mouillés, porteurs d’un patrimoine bâti, construits « en fonction de la présence d’une eau maîtrisée, nourricière, énergétique ou menaçante ».
L’ouvrage étudie la rivière aménagée à différentes échelles et sur différents bassins, ouvrant le champ des possibles de la renaturation, en s’appuyant sur le contexte géomorphologique et historique.
Les vestiges fluviaux, tels que l’épave de Langeais en Loire, y sont considérés « délaissés dans le paysage, mais offrant un futur biologique ». L’étude sur le val de Blois analyse avec un nouveau jeu de données 10 000 ans de transformation du lit mineur. La Rance, ria bretonne autrefois maritime est devenue exclusivement fluviale depuis les années 1830, en raison de l’anthropisation. Les héritages de l’aménagement hydraulique sont réinvestis par les sociétés contemporaines, comme l’illustrent les trois cas de figure de l’infrastructure des Qanats en Iran, support au déploiement d’un grand paysage hydraulique ; l’histoire de l’aménagement de la Garonne depuis l’Antiquité et enfin l’exploitation du site insulaire de Saint-Louis du Sénégal, aujourd’hui fragilisé. Ces exemples interrogent sur la durabilité des modes d’habiter.
Les auteurs proposent de reprendre la grille de lecture des regards paysagers proposés par Catherine et Raphaël Larrère, les « dimensions sensibles, voire géosymboliques, ne sont pas uniquement prises en charge par les regards formés par l’art ou la science », mais aussi par les « regards des habitants des lieux ».
Ainsi, les auteurs considèrent que les rapports à l’eau ont évolué dans le temps, entre désinvestissement social et culturel depuis le milieu du XXe siècle, et une dégradation des conditions écologiques et paysagères, jusqu’à la reconquête, fondée sur une intégration patrimoniale institutionnelle.