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Les "pyropaysages" pour un urbanisme de l’inflammabilité
Le "pyropaysage" permet d’identifier ou de concevoir des espaces où l’on intègre la présence potentielle du feu. Aux côtés des actions de prévention et de lutte contre les incendies, la démarche paysagère permet d’intervenir sur les espaces vulnérables, à l’interface entre habitat urbain, forêt, garrigue ou landes.
La tendance est à l’augmentation de ces zones de contact, à risque, en France. A l’inverse, les espaces dits de "rupture de combustible", tels que les espaces pastoraux, se réduisent.
Jordan Szcrupak, paysagiste-concepteur, enseignant, administrateur de "forêt méditerranéenne" et membre du collectif « RAW » - Risk and Architecture Workshop -développe le concept de "pyropaysage", hérité de Gilles Clément. Il s’est spécialisé notamment dans la prise en compte du risque incendie dans les projets de paysage.
Il indique "qu’inscrire la prévention du risque incendie hors saison de feu dans une approche d’urbanisme de l’inflammabilité, suppose de penser les lisières comme de véritables espaces de projet, à travers un jardinage territorial conciliant résilience écologique, adaptation au changement climatique et sécurité des populations".
Il ajoute que quatre principes structurent cette démarche de gestion proactive des "pyropaysages" :
- mutualiser les efforts d’autoprotection et de réduction des vulnérabilités du bâti et des formes urbaines ;
- soutenir le pastoralisme, l’agriculture périurbaine et le brûlage dirigé comme outils de gestion active des milieux naturels et forestiers ;
- restaurer une écologie du feu en favorisant la mosaïque paysagère pour limiter l’intensité des incendies et transformer les imaginaires collectifs ;
- et enfin composer avec le risque sur le temps long, en accompagnant sols, trajectoires écologiques et ressources en eau.
Il conclut sur le fait que "traduire ces principes dans les documents de planification revient à reconnaître le feu non plus comme une menace ponctuelle mais comme une donnée géographique et culturelle de nos "pyropaysages", nécessitant la convergence des politiques publiques, la mobilisation des filières locales et l’association dans la fabrique de la ville des acteurs agricoles, des forestiers et des habitants autour d’un récit commun".