Focus sur… Les mobilités pendant les jeux olympiques et paralympiques (JOP) 2024



L’organisation des mobilités pendant les JOP, un exercice particulièrement complexe en période creuse d’été

L’enjeu de l’exercice est de combiner les déplacements de trois catégories de personnes :

  • les athlètes et les « accrédités » officiels, les acteurs mêmes des jeux qui sont donc considérés comme prioritaires ;
  • les spectateurs des compétitions olympiques, ainsi que marginalement ceux des lieux de retransmission hors site ;
  • les usagers du quotidien dont il importe de minorer les gênes potentielles subies

Les premiers sont pris en charge par le Comité d’organisation des JO (COJO), qui loue une flotte de véhicules dédiés. Les spectateurs doivent pouvoir se rendre sur les sites en transports collectifs ou en vélo, selon les engagements pris par la candidature française en 2017. Enfin les habitants se déplacent surtout en transports collectifs, en voiture ou en vélo.
L’autorité organisatrice de la mobilité, Ile-de-France Mobilités (IDFM) pour l’Ile-de-France, a donc un rôle essentiel dans l’établissement d’un plan de transports intégrant le champ de contraintes en résultant, même à une période d’été habituellement creuse pour les transports publics.

Concrètement il revenait à IDFM de définir, avec les transporteurs, RATP, SNCF, bus et cars, la quantité de trains et de bus à prévoir, avec des horaires adaptés aux compétitions, et des personnels suffisants malgré les congés, notamment un conducteur pour chaque véhicule et des agents de sécurité. En outre, compte-tenu de la fiabilité moyenne de certaines lignes déjà fragiles en temps normal, des solutions de remplacement en cas d’incident pendant les jeux doivent aussi être prévues.

Des flux de déplacements différents des flux habituels le reste de l’année

Les flux des spectateurs seront assez concentrés dans certaines parties de la région (moitié ouest de Paris, Seine-Saint-Denis, certains sites des Hauts-de-Seine et des Yvelines) et selon des horaires de compétitions qui ne recoupent pas toujours les heures de pointe habituelles. Il est donc envisagé de renforcer certaines lignes de métro (lignes 9 et 10 par exemple) ou de train et de les compléter au besoin par des navettes de bus. En complément, des pistes cyclables sont prévues vers tous les lieux de compétition, mais il faut aussi mettre en place des parcs de stationnement des vélos sécurisés à proximité des sites. Enfin, toujours pour les spectateurs, les moyens de transport des personnes à mobilité réduite ne doivent pas être oubliés, en évitant de leur faire emprunter des trains bondés. Des taxis et bus accessibles sont prévus pour cela.

Des mesures préventives sont prévues pour éviter au maximum les perturbations

En parallèle, alors qu’un coordonnateur national était recommandé, afin de minorer les gênes subies par les usagers du quotidien, la mission a recommandé la mise en œuvre d’un système de gestion de la demande de transports appelé « transport demand management (TDM) qui a fait ses preuves lors des JOP de Londres en 2012, ayant pour but de limiter le nombre des déplacements de ces usagers, par exemple en encourageant le télétravail ou les congés pendant les JOP.

La mission a également étudié les portes d’entrée et de sortie des voyageurs internationaux venus pour l’évènement, aéroports et grandes gares parisiennes, ainsi que les moyens d’information et d’orientation de ces voyageurs concernant les transports, avec une application spécifique d’IDFM sur smartphones en plusieurs langues et l’embauche de nombreux volontaires pour orienter les flux autour des sites.

Enfin, la mise en place de moyens de veille et de traitement des éventuelles situations de crise concernant les transports n’a pas été oubliée, en lien avec la préfecture de police de Paris et les personnels de sécurité de la RATP et de la SNCF notamment.

Au total, le rapport ne pointe pas de sujet d’inquiétude majeur ou d’oubli d’un aspect important de la préparation des JOP en matière de mobilités, même si tous les sujets n’étaient pas encore complètement traités en 2022

Au-delà des polémiques récentes dans les médias pour savoir si les transports seront « prêts pour les jeux » ou pas, la mission a constaté que l’ensemble des acteurs du transport étaient déjà très mobilisés en 2022. Toutefois, le rapport recommandait, au regard du calendrier et de la multiplicité des intervenants, que l’organisation bascule rapidement dans un mode de gestion opérationnelle du système de transports, en passant de la définition des principes d’organisation à leur mise en œuvre concrète à tous les niveaux sur le territoire.

Cette gestion opérationnelle devait en outre qualifier et hiérarchiser les différents donneurs d’ordres, Etat, COJO/CIO, par exemple, sans préjudice de l’identification et du traitement des situations de crise où s’imposerait la responsabilité de l’Etat.
Au-delà de l’Ile-de-France, les épreuves organisées dans les métropoles de régions ou outre-mer (le surf à Tahiti) sont comparables à d’autres événements sportifs que la France a déjà organisés.

Ainsi, postérieurement à la mission, la coupe du monde de rugby à l’automne 2023 a constitué une occasion de répétition générale pour les accès de grands flux aux stades, et concernant les transports, à part quelques difficultés d’accès vite résolues à Lyon ou Bordeaux, les choses se sont bien passées, en particulier au Stade de France de Saint-Denis.

Les auteurs de la mission

Manuel Leconte Vincent Pourquery de Boisserin

Avec la participation de Philippe Yvin et Adrien Sperry, Inspecteurs généraux de l’Inspection générale de l’administration

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