Focus sur… Les foyers des jeunes travailleurs (FJT)

Le dispositif "Foyers des jeunes travailleurs" ne représente qu’une part infime du logement social mais avec de fortes spécificités qui en font un outil d’accompagnement pour l’accès au logement et d’aide à l’insertion professionnelle.

(vidéo, durée : 58 s)

Par lettre du 11 juin 2021, l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) a été saisie pour diligenter une mission relative à l’évaluation et aux pistes d’évolution de l’outil « foyers de jeunes travailleurs » (FJT).

Le dispositif FJT ne représente qu’une part infime du logement social mais avec de fortes spécificités qui en font un outil d’accompagnement pour l’accès au logement et d’aide à l’insertion professionnelle.

En dépit d’une capacité d’environ 50 000 places, soit seulement 1 % des logement sociaux, le dispositif a une place stratégique qui tient à l’accompagnement social dont les jeunes bénéficient sous la forme originale de l’« action socioéducative », héritière de l’éducation populaire historique et des politiques portant sur les familles.

Une répartition inégale sur le territoire

Si la région Ile-de France est de loin la première région en nombre de FJT (139, soit près de deux fois plus que les régions suivantes : Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Bretagne), la géographie de la capacité rapportée au nombre de jeunes met en évidence une forte spécificité des régions de l’ouest (Bretagne, Pays de Loire et Nouvelle Aquitaine), qui se distinguent par leur bon équipement.

Au sein des FJT, un public diversifié, des jeunes ayant de multiples raisons d’y résider

Le logement est le premier poste de dépense dans le budget d’un jeune ; il peut être un frein limitant le recours à la formation et un obstacle dans l’accès à l’emploi,les injonctions à la mobilité les concernant venant du marché du travail et des dispositifs de formation étant en effet particulièrement prégnantes. Loger temporairement en FJT est pour eux une solution peu onéreuse et commode.

Les jeunes de 16 à 25 ans, tranche d’âge à laquelle s’adressent règlementairement les FJT, représentent en 2019 près de 7,5 millions d’individus. 963 000 de ces jeunes ne sont cependant ni en études, ni en emploi, ni en formation – Not in Education, Employment or Training (NEET), soit un peu moins de 13% de la classe d’âge. Vivre en FJT peut alors être une solution accessible et pertinente pour les accompagner, alors qu’il y en a peu d’autres.

L’analyse de près 40 000 entrées dans les FJT permet d’en savoir plus sur leur occupation. Elle démontre à la fois une diversité et une proportion importante de résidents « vulnérables ».

Données issues des systèmes d'information des gestionnaires de FDJ. Traitement IGEDD
Données issues des systèmes d'information des gestionnaires de FDJ. Traitement IGEDD

Les FJT ont pour ambition, grâce à un accompagnement non seulement personnalisé mais également collectif, que la mixité sociale y soit plus qu’une cohabitation des différences.
Les enquêtes révèlent que les jeunes sont majoritairement satisfaits de leur séjour dans l’établissement.

Un nouveau développement de l’offre FJT est possible

Développer l’outil FJT requiert de réduire le niveau d’aléas et d’incertitudes qui actuellement le pénalise.

En effet, du fait d’un double statut juridique, toute construction ou extension de FJT est soumise à une procédure d’appel à projet. Un dispositif d’appel à manifestation d’intérêt, plus léger à mettre en œuvre, calé sur le rythme d’une programmation triennale permettrait aux acteurs, tout particulièrement au « binôme gestionnaire et bailleur » de gérer le temps et la complexité́ du montage des projets.

L’accès des jeunes au logement est une priorité nationale dans le cadre de la politique dite du « logement d’abord ». Les acteurs considèrent qu’il convient de tenir compte des particularités de l’outil et de son public défini par les textes pour la participation des FJT à cette politique de portée universelle. En effet, le bilan d’exploitation du gestionnaire est très sensible au taux d’occupation, au volume des impayés et à la rotation rapide des attributions de logement à opérer (la durée moyenne de séjour est de l’ordre de 9 mois). C’est pourquoi améliorer par le biais de conventions adaptées aux spécificités des territoires la fluidité pour les FJT des processus les liant aux services intégrés de l’accueil et de l’orientation (SIAO) qui vont en général orienter des jeunes connaissant de fortes difficultés financières et sociales serait une manière de « sécuriser » quant à l’atteinte de leurs objectifs la chaine des acteurs intervenant pour l’hébergement des jeunes les plus vulnérables.

Augmenter l’offre suppose d’appréhender le FJT dans son contexte territorial.

Une connaissance fine du parc existant, de son taux d’occupation, du « service social rendu » est nécessaire, mais les besoins et les conditions d’accueil des jeunes sont à mieux caractériser dans chaque territoire. Dans différentes régions une dynamique collective est déjà présente autour des FJT, il est pertinent d’y renforcer et animer l’ensemble des expertises relatives à la jeunesse.

Un modèle économique contraint et fragile qui doit être sécurisé

En matière financière, la pérennisation des moyens exceptionnellement mis en place en 2021 pour l’investissement (Action Logement) et la mise en place d’un nouvel instrument financier pour des FJT dont le projet social intégrerait une capacité à accompagner les jeunes en rupture de ressources, en particulier dans les périodes interstitielles entre les aides de droit commun et de soutien à l’emploi dont ils peuvent bénéficier, sont deux pistes à privilégier.

La capacité à dégager collectivement les ressources pour rénover est souvent réduite, alors qu’on pressent d’importants besoins. Il subsiste même une frange du parc obsolète (sanitaires collectifs, absence de kitchenettes dans des logements qui ne sont que des chambres…). Un état des lieux précis reste à faire.

Relancer la dynamique nécessite un cadre de mobilisation et de pilotage

Un nouvel accord-cadre entre l’État, les réseaux de gestionnaires, propriétaires, et les institutionnels opérant dans le secteur des FJT, succédant à des accords antérieurs du même genre, est recommandé mais en élargissant le partenariat (représentants des collectivités…etc.). Il comporterait la fixation des objectifs, une négociation sur des engagements financiers, la redéfinition du rôle des parties associées pour stimuler la rénovation encore nécessaire et le développement de l’offre, et prévoirait des outils de suivi modernisés, ainsi que la forme de l’appui des services de l’État dans la mise en œuvre.

Pour conclure, le dispositif FJT existe depuis longtemps et n’a eu de cesse d’évoluer et de se réinventer. Son utilité sociale est avérée et il tient la promesse de l’accompagnement multidimensionnel des jeunes qui lui est propre.

La « proposition FJT », qui déjà ne se réduit pas à un bâtiment, peut néanmoins encore grandir. L’IGEDD propose de la redéfinir en tant qu’offre plus large intégrant des services à fournir aux jeunes au titre d’un ensemble de politiques publiques intéressant la jeunesse (logement, emploi, insertion, pauvreté) et actuellement en pleine évolution. Le FJT peut par exemple être un lieu privilégié d’échange et d’articulation des activités des professionnels ayant à intervenir dans le cadre de la récente mise en œuvre du contrat engagement jeunes (CEJ).

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