Focus sur… L’amélioration de la situation des centres de soins de la faune sauvage



Des établissements spécialisés dans les soins à la faune sauvage locale

La vocation première des centres de soins de la faune sauvage (CSFS) est de soigner la faune sauvage locale, découverte blessée ou affaiblie, en vue de sa réinsertion dans son milieu naturel. Ils se distinguent donc des parcs zoologiques. Ils ne sont pas plus des refuges ou des sanctuaires pour animaux sauvages captifs (fréquemment des spécimens de la faune exotique), trouvés abandonnés ou placés volontairement par leur propriétaire, ou ayant fait l’objet d’un acte de saisie ou de confiscation.

La mission a recensé 100 centres de soins répartis sur le territoire national. Il s’agit pour l’essentiel (87%) de structures d’initiative privée, portées par une association. La première ressource de ces centres est le bénévolat. Quelques établissements relèvent d’une collectivité, et trois centres de soins de la faune sauvage fonctionnent au sein des écoles nationales vétérinaires (à Maisons-Alfort, Nantes et Toulouse). Un établissement sur quatre n’accueille qu’une ou que quelques espèces, principalement le hérisson d’Europe.

*Assimilées : EPCI, SEM, SPL, syndicat mixte

Les CSFS contribuent au maintien de la biodiversité

Il n’existe pas de suivi centralisé de l’activité des centres, mais la mission estime que près de 150 000 spécimens ont été reçus en 2021. Globalement, un animal sur trois pris en charge sera ensuite relâché dans la nature. Cette activité augmente d’année en année, avec une très forte augmentation durant les mois de mai à fin août, sur lesquels se regroupent 65% de l’activité en moyenne. Les fluctuations saisonnières sont liées pour une grande part à l’amenée, souvent inutile, de très jeunes animaux par les particuliers.

Même si globalement, deux animaux sur trois accueillis dans ces centres sont sous statut de protection, les effets directs de l’activité de soins sur les populations de la faune sauvage locale ne sont pas significatifs, à l’exception d’espèces rares (par exemple le lynx boréal) ou endémiques et en danger telles que les pétrels (oiseaux) de La Réunion. Le « sauvetage » d’un animal est avant tout guidé par le souci de « réparer » les dommages causés par les activités humaines et la sensibilité au bien-être animal. Par leur mission première, les CSFS sont un trait d’union entre les humains et les animaux sauvages. Les centres jouent ainsi un rôle très actif de « médiation » et d’informations de publics divers (réponses au téléphone lorsqu’un animal est trouvé, pédagogie sur les sites internet et lors de manifestations). La plupart forment de nombreux bénévoles et volontaires et accueillent des stagiaires et des apprentis. Certains concourent à la connaissance et participent à des réseaux de surveillance et d’observation scientifiques.

De fait, l’ensemble de ces activités participent au maintien de la biodiversité et leur contribution pourrait devenir déterminante dans le contexte de la dégradation des habitats naturels et d’effondrement des espèces.

Face à la répartition inégale sur le territoire, des régions initient des réseaux à leur échelle

L’ouverture d’un centre de soins de la faune sauvage est conditionnée par une autorisation délivrée par le préfet. La responsabilité des soins doit être assurée par une personne titulaire d’un certificat de capacité, lequel est également délivrée par l’autorité préfectorale. La répartition des CSFS sur le territoire n’est pas optimale même si la mission s’est rendue compte que tous les départements étaient dans le champ d’intervention d’au moins un CSFS. Plusieurs régions soutiennent et accompagnent les centres de leur ressort en les aidant notamment à se constituer en un réseau régional, à optimiser des moyens et éventuellement à combler l’absence de centre dans certains départements par des créations.

Figure 1 : Localisation des CSFS et de leurs départements d’intervention (hors collectivités d’outre-mer) au 1er juillet 2022

Des centres en grande précarité financière

Le budget global des centres est de l’ordre de 10 à 11M€. Pour ceux qui emploient des salariés, entre 60 et 67% des dépenses de fonctionnement relèvent des salaires des personnels malgré l’importance du bénévolat. Même si cette donnée varie considérablement d’une espèce à l’autre, la prise en charge d’un animal coûte en moyenne 58€. Les ressources sont principalement privées (en dehors des centres portés par une collectivité ou par une école nationale vétérinaire).
Les centres de soins associatifs sont en permanence à la recherche de financement parce qu’ils n’ont aucune ressource pérenne ni même garantie d’une année sur l’autre : si par exemple cinq régions allouent aux centres généralistes des subventions, ces dernières font rarement l’objet de conventions pluriannuelles et sont, en tout état de cause, à durée limitée ; les financements privés des entreprises et des particuliers sont importants mais doivent être renouvelés chaque année.
Face à l’accroissement des amenées d’animaux, les moyens des CSFS n’augmentent pas.
Les centres de soins adossés à des parcs zoologiques et les centres dépendant directement de personnes publiques ne connaissent pas les mêmes difficultés financières.

Les principales préconisations de la mission

Constatant l’existence de plusieurs points de fragilité, la mission recommande de conforter l’assise juridique des centres de soins par des dispositions législatives qui les définiraient et fixeraient leurs grands principes de fonctionnement. De plus, adapter le droit applicable aux CSFS pour rejoindre celui bénéficiant aux éleveurs afin de permettre aux capacitaires ayant reçu une formation adéquate de pratiquer certains traitements vétérinaires serait nécessaire. Sur le plan technique, la mission propose d’encadrer en souplesse, via des guides, les pratiques des centres et de développer des outils de rapportage harmonisés.

Pour améliorer la situation financière des centres, la mission préconise d’aider ceux-ci à mettre en place des instruments permettant d’augmenter les ressources privées et envisage deux scénarios de soutiens publics selon la répartition des compétences entre l’État et les régions en matière de biodiversité. Si la répartition actuelle était maintenue, l’État pourrait contribuer au financement des activités des centres de soins dans le cadre de la stratégie nationale de la biodiversité. Enfin, le soutien financier de l’État aux deux fédérations des CSFS pourrait leur permettre de jouer un rôle majeur dans la professionnalisation des centres et les évolutions recommandées.

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