Territorialisation du besoin de création de logements nouveaux et de construction de logements neufs

La mesure des besoins en construction de logements par l’État remonte aux années 1950, dans un contexte de planification de l’effort de reconstruction d’après-guerre. Les acteurs s’accordent sur les principaux facteurs de besoins à chiffrer : besoins engendrés par l’évolution du nombre de ménages ; ceux induits par la mutation du parc bâti existant ; ceux des ménages mal logés ou hors logement. Au niveau territorial, la couverture aujourd’hui incomplète du territoire par les programmes locaux de l’habitat (PLH) et les outils numériques partagés existants ne permettent pas de construire une vision nationale agrégée des besoins exprimés localement ni de s’assurer de la cohérence des objectifs fixés localement avec les projections nationales de besoins. Le besoin tendanciel devrait être de l’ordre de 350 à 450 000 logements par an sur la prochaine décennie, et une baisse significative est à prévoir sur la période 2030-2050 en raison de l’évolution de la population. Si la réponse aux besoins de logements peut sembler avant tout locale, ses enjeux impliquent d’établir une vision nationale et de mieux articuler les différents échelons territoriaux autour de visions locales compatibles, fondées sur des hypothèses cohérentes et explicitées, en particulier dans un contexte de transition écologique. La réponse aux besoins en logements peut de plus prendre des formes différentes de la seule construction neuve en extension : densification douce, surélévation ou recyclage de friches, mobilisation de logements vacants ou de résidences secondaires, transformation de bâtiments existants… La connaissance de ces gisements alternatifs semble encore trop limitée et les conditions de leur mobilisation insuffisamment maîtrisées pour contribuer efficacement à accompagner la transition écologique. Plus généralement, des outils et données sont nécessaires à différentes étapes de la conception et de la mise en œuvre des politiques publiques : pour déterminer le besoin, définir les mesures à mettre en œuvre pour y répondre, mesurer leur avancement et évaluer leur impact au regard des objectifs poursuivis. Si les outils et bases de données existants sont nombreux et riches, ils sont également segmentés et mériteraient d’être mieux organisés, au sein d’une architecture globale sous le pilotage et la coordination du ministère du logement. Une priorisation entre les différents outils est un prérequis nécessaire pour faciliter un accompagnement ciblé sur certains d’entre eux. Le présent rapport en étudie certains plus particulièrement et formule des recommandations pour leur amélioration. Enfin, si l’on peut constater un consensus sur la nécessité de s’inscrire dans les enjeux de la transition écologique, le cadre de référence concernant les impacts du secteur en la matière n’est pas stabilisé et un travail est nécessaire pour traduire ces enjeux en objectifs explicites sur le logement et en actions territorialisées.

Auteurs : Thierry Bonnet, Stéphan Combes, Clémentine Pesret, IGEDD
Publié le 04 juillet 2025

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